Jean Breton, souvenirs 1954-1959

En septembre 1954, je commence mon cours secondaire au collège “Académie de Québec”, situé sur la rue Chauveau ( maintenant Olivier-Chauveau) au coin de la rue Dauphine, dans le Vieux-Québec.
Comme je demeure sur la rue Fraser, entre les avenues Du Parc et Moncton, je dois prendre l’autobus, la distance étant trop longue pour faire le trajet quatre fois par jour à pied.
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L’autobus du parcours no. 7, du “Québec Power” ( abréviation familière de Quebec Railway, Light & Power Company), arrive par l’avenue Des Erables, tourne à gauche sur la rue Fraser, me permet d’y monter à l’arrêt, tourne à droite sur l’avenue Du Parc et encore à droite sur le Boul. St-Cyrille ( maintenant René-Levesque ouest) pour arriver à son terminus en face de l’ancienne “Jonction de Sillery”.
La première jonction a été bâtie en 1910 pour le tramway de Sillery; elle a été remplacée par un édifice de trois étages en 1950.
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Le parcours no. 7 est effectué à bord d’autobus Canadian Car, modèle C-36 mis en service en 1947 et 1948, et, numérotés 1431 à 1475. Longs de 30 pieds, transmission automatique avec le moteur sous la carosserie entre les deux essieux, ils nous donnent un confort très apprécié.
L’hiver, ils doivent porter des chaines sur les roues arrière lors de chutes de neige; de temps à autre, une chaine se casse et nous terminons notre voyage au son de la chaine claquant sur l’aile.
Le chauffage, très rudimentaire, se complète par des chaufferettes placées sous quelques sièges; puisque je suis le premier à monter à bord, je choisis un des sièges au-dessus d’une chaufferette, et, j’arrive au collège les pieds chauds.
Occasionellement, un de ces autobus est remplacé par un modèle CD-36 qui a le défaut d’avoir un moteur diésel très bruyant en plus de vibrer lorsque l’autobus est à l’arrêt. De plus, les fenêtres s’ouvrent en levant au lieu d’être coulissantes comme le modèle C-36. Elles restent souvent coincées en levant ou en baissant, ce qui rend le voyage très inconfortable.
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Ces autobus de couleurs crème et rouge ont la particularité de ne pas porter le nom de la compagnie contrairement à leurs confrères, les tramways de Sainte-Anne.
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En quittant le terminus, le numéro 7 monte l’avenue Des Erables, tourne à gauche et descend la Grande-Allée et la rue St-Louis jusqu’à la Place d’Armes. De là, il continue sur la rue Sainte-Anne ( maintenant interdite à la circulation) et tourne à droite sur la rue Desjardins, puis me laisse descendre à l’arrêt en face de l’Hôtel-de-Ville. Je me rend à pied au collège.
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Pour le retour, le numéro 7 fait un arrêt sur la rue Sainte-Anne à l’entrée de la petite église protestante Saint-Andrews. Une dizaine d’étudiants monte à bord, et, l’autobus tourne à gauche sur d’Auteuil, à droite sur la Grande-Allée jusqu’à Des Erables pour se rendre au terminus par les rues Fraser et Du Parc.
Pour descendre de l’autobus, il faut pousser sur un petit portillon situé au-dessus des marches de la porte arrière; un midi, quelques étudiants décident de jouer des tours au chauffeur : ils poussent sur le portillon entre les arrêts ce qui fait passer la transmission au neutre, et, l’autobus s’immobilise tranquillement dans le milieu de la Grande-Allée. Puisqu’il y a beaucoup de clients debouts, le chauffeur ne peut identifier les coupables. Il décide donc, rendu au terminus, de garder les portes fermées et de parler à l’inspecteur; celui-ci monte à bord et averti les étudiants, que s’il y a récidive, la police les attendra et les emmènera au Poste de Police. Leurs parents devront venir les chercher. Ils ont compris.
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J’ai un copain, qui a commencé la même journée, a fréquenter le Collège des Jésuites ( maintenant Saint-Charles-Garnier ), sur le boul. St-Cyrille, au coin de la rue Joffre. Il demeure sur la rue Fraser mais, entre les avenues Moncton et Brown. Pour aller au collège, il utilise les autobus du parcours no. 8 ce qui l’oblige, le “pôvre”, à subir l’inconfort des autobus diésel ( CD-36 ) puisqu’ils sont exclusifs sur ce parcours.
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Le dimanche suivant, ( mon copain a congé les mardis et jeudis après-midi au lieu des samedis ) la belle température nous incite à aller faire du vélo; en jasant, il me fait une suggestion =
“si on allait voir la suite des parcours nos 7 et 8 ???”-
“Très bonne idée”, que je lui répond .
Nous pédalons jusqu’au Collège des Jésuites, et, attendons le prochain autobus…puis, nous le suivons mais, en gardant une bonne distance à cause de la senteur du diésel. Nous descendons la rue Madelaine-de-Verchères, tournons à droite sur le Chemin Ste-Foy, à gauche sur la rue Marois, à droite sur le Boul. de l’Entente, à droite sur l’avenue Marguerite-Bourgeois. Le terminus se trouve au coin du Chemin Ste-Foy.
Puis, n’ayant pas le temps de reprendre notre souffle, nous repartons pour remonter l’avenue Marguerite-Bourgeois, tourner à gauche sur St-Cyrille et revenir, 30 minutes plus tard, à la rue Moncton.
Après un long repos, nous décidons de suivre le numéro 8 vers le centre-ville;
St-Cyrille, à gauche Des Erables, à droite, Chemin Ste-Foy et rue St-Jean jusqu’à la Place d’Youville.
A cet endroit, nous décidons d’abandonner à cause de la fatigue et de l’heure tardive.
Nous remarquons qu’il y aussi les parcours nos 3, 5 et 7 qui circulent à cet endroit; donc, beaucoup de coups de pédales à donner pour les prochains dimanches.
De plus, nous voyons un nouveau modèle d’autobus, le TDH-3610 de GM , ( mis en service en 1947 ) 30 pieds de long avec moteur diésel plus doux que celui des CD-36.
Ces autobus, (nos. 1700 à 1729) ne circulent que sur le parcours no. 3, d’après ce que nous voyons.
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La sortie suivante nous emmène à la Place d’Youville. Nous décidons de continuer la “filature” du numéro 8 qui nous conduit sur la rue St-Jean, puis la Côte-du-Palais, la Côte Dinan pour arriver à la Place Parent. Nous y apercevons les autobus numéros 1, 2 et 10.
Le numéro 1 est un CD-36, alors que
le numéro 2 a une surprise pour nous = bien que ce soit un C-36, il a les fenêtres à l’envers, et, en plus, il y a une tige de métal entre les deux fenêtres en arrière. Nous apprenons, plus tard, que ces autobus nos. 1401 à 1420 sont équipés d’une transmission manuelle.
Quant au numéro 10, c’est celui qui attire le plus notre attention = il s’agit d’un petit autobus de 28 pieds, de marque Ford ( 1501 à 1525) ayant aussi deux portes et une transmission manuelle. Sa destination se lit ainsi : Carré Parent ( au lieu de Place Parent ).
Nous continuons sur la rue St-Paul, la rue St-Pierre et arrivons à la Place Champlain.
C’est le terminus Est du numéro 8 mais, nous découvrons que c’est aussi celui du parcours no. 13 qui affiche Plage aux Foulons.
Ce parcours utilise les autobus 1401 à 1420 mais, aussi, les nos 1421 à 1430 qui sont des C-36 mais avec les fenêtres à l’endroit bien qu’ils aient une transmission manuelle et la tige de métal. Très étrange !!!
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A la Place Champlain, nous voyons arriver l’autobus no 1 qui termine son parcours; nous décidons de le suivre mais, comme c’est un CD-36, nous gardons nos distances. La rue Dalhousie et la rue Saint-André sont très étroites car, elles sont partiellement occupées par des voies ferrées qui relient la Gare du Palais au Port de Québec.
Nous repassons la Place Parent et filons sur la rue Saint-Paul, traversons la Place Jean-Talon ( éliminée en 1973 lors de la construction de l’autoroute) pour continuer sur la rue Saint-Joseph et, enfin, arriver à la Place Jacques-Cartier. Cet endroit ressemble à un terminus d’autobus; il y a les numéros 2, 3, 4, 5, 6, 9 et 12
L’autobus no. 2 est un C-36 avec transmission manuelle ( 1401 à 1420 – 1946 ),
Le no 3 est un GM – TDH-3610 ( 1700 à 1729 – 1947 ),
Le no 4 est aussi un C-36 à transmission manuelle,
Le no 5 est aussi un GM – TDH-3610,
Le no 6 est un C-36 avec transmission automatique ( 1431 à 1475 – 1947-1948 ),
Le no 9 est un CD-36 ( 1101 à 1130 – 1951),
et, le no 12 est un GM – TDH-3610.
Quelle variété !!!
Et, maintenant que nous connaissons au moins 13 parcours, nous savons que nous ne pourrons pas tous les “pédaler” avant l’hiver !
La semaine suivante, par un beau vendredi soir, le dernier avant le changement d’heure ( jusqu’en 1957, le retour à l’heure normale se faisait le dernier dimanche de septembre), nous nous rendons à la Place d’Youville pour suivre le no. 5.
Nous descendons la Côte d’Abraham, prenons la rue De la Couronne, la rue Gignac, la rue Dorchester, le Pont Drouin, la 4e Rue et la 4e Avenue.
Puisque la destination de l’autobus se lit “22e Rue”, nous savons qu’il nous reste 18 rues à pédaler. Cependant, en arrivant à la 18e Rue, une surprise nous attend : l’autobus continue sur la 4e Avenue. Comme mon copain a un vélo sans vitesse, il décide de me laisser aller seul et d’attendre mon retour. J’accélère et rejoins le no 5 qui, enfin, s’immobilise sur la 25e Rue au coin de la 4e Avenue. Le terrain du terminus appartient à la “Quebec Power” et comprend un petit poste d’électricité. La 4e Avenue se termine à cet endroit puisqu’il n’y a pas de viaduc pour traverser la voie ferrée.
Le soleil vient de se coucher, et, nous devons remonter sur la rue Fraser; à ce moment, nous réalisons que la ville de Québec semble beaucoup plus grande que nous pensions. C’est notre dernière sortie en vélo après le souper…Le dimanche suivant, il y a un fort risque de pluie; nous décidons de prendre les autobus nos 8 et 3 pour se rendre à la Place Jacques-Cartier.
Nous prenons le no. 6 ( 1431 à 1475 ) qui nous emmène sur les rues De la Couronne, Gignac, Dorchester, le Pont Drouin, la 3e Rue, la 3e Avenue, la 10e Rue et La Canardière jusqu’à l’avenue Destimauville. Cette dernière se trouve à la limite est de la ville de Québec. Le chauffeur nous informe que le territoire du Québec Power se termine ici puisque la ville de Giffard a son propre service d’autobus qui a remplacé celui du Québec Power, en 1951.
En revenant, l’autobus continue sur Destimauville, le boul. Orléans (maintenant Ste-Anne), l’avenue Niverville, la Canardière, la 10e Rue et la 3e Avenue. A cet endroit, nous descendons avec l’intention de prendre l’autobus no 10-X pour se rendre à la Place Parent, et, de-là, prendre le no. 8 pour remonter chez-nous.
Après 15 minutes, un autre autobus no. 6 arrive et fait un arrêt; nous faisons signe au chauffeur de continuer.
Surpris, ce dernier ouvre la porte et nous demande =
Ou allez-vous ?
Place Parent avec le no. 10-X .
Vous allez attendre longtemps, il ne circule pas le dimanche !!!
Il accepte notre correspondance pour nous ramener à la Place Jacques-Cartier.
Dans les semaines suivantes, nous suivons d’autres parcours à l’exception du no. 13 qui nous paraissait trop long et trop loin.
En suivant le no 9, de la Place Jacques-Cartier à l’avenue Belvédère, nous découvrons le garage des autobus situé sur l’avenue Marie-de-l’Incarnation, au pied de la Pente-Douce.
En jasant avec les employés, nous apprenons qu’il y a 156 autobus numérotés ainsi =
1101-1130, 1401-1475, 1501-1525 et 1700-1729.
(plus tard, je saurai que les nos. 1501,1502,1521 et 1522 ont été transférés à Trois-Rivières pendant la deuxième guerre).
Nous apprenons aussi qu’il y a 13 autobus opérés avec la franchise Gray Line pour le service touristique, l’été seulement.
Ces autobus ont une deuxième plaque, plus petite que l’autre, numéroté de 1 à 13.
En passant sur le boul. Charest Est, ( parcours 1, 2 et 9 ) nous apercevons la Gare Centrale d’Autobus; je propose à mon copain d’y revenir mais, le goût n’y est pas!
En novembre, nous remisons nos vélos, et, mon copain perd l’intérêt…la flamme s’éteint au cours de l’hiver!
Il est quand même heureux de pouvoir maintenant se promener partout en ville sans se perdre…nous sommes probablement les 2 seuls jeunes de 12 ans connaissant aussi bien leur ville!
Un beau dimanche de décembre, je pars seul en autobus; à la Place Jacques-Cartier, je prends le no. 6 pour descendre à l’avenue Champfleury.
L’autobus no. 12 ( 1700 à 1729 ) monte l’avenue Champfleury, tourne sur la 25e Rue, descend l’avenue De la Ronde, tourne sur la rue Bruneau et reprend l’avenue Champfleury…c’est tout !!!… Il fait la ceinture de la paroisse Saint-Pascal.
Plus tard, j’apprends que le no. 12 est remplacé par les parcours 12-A ( St-Pascal nord ), et, 12-B ( St-Pascal sud ) se rendant à la Place Jacques-Cartier durant les heures d’affluence, du lundi au vendredi.
Durant l’hiver 1954-1955, je mets par écrit la description des 13 parcours, et, lorsque l’occasion se présente, je vais à la Gare Centrale pour observer la variété des autobus appartenant à plusieurs compagnies différentes. Un nouveau monde vient de s’ouvrir!
Je réalise, à ce moment, que l’intérêt pour les autobus devient une passion.

Durant l’hiver 1954-1955, je profite de chaque visite de magasinage dans le quartier Saint-Roch pour jeter un coup d’oeil à la Gare Centrale d’Autobus. Plusieurs noms, plusieurs couleurs, des numéros et des modèles différents de ceux de la “Quebec Power”… C’est fascinant !

Au printemps 1955, le collège nous emmène passer un après-midi au Jardin Zoologique de Québec; les “Autobus Charlesbourg Ltée mettent à notre disposition un autobus “Reo” pour le voyage aller-retour. Je viens de découvrir un autre modèle d’autobus.

A la fin de juin, ma famille déménage à Sainte-Pétronille, Ile d’Orléans, pour l’été.
Un mois après notre arrivée, il faut se faire couper les cheveux…mon grand-frère et moi partons le matin avec notre père qui travaille à un coin de rue en arrière de la Gare Centrale d’Autobus. Il y a un salon de barbier au sous-sol de la Gare.
Puis, à 9h15, nous prenons l’autocar des “Autobus Ile d’Orléans Ltée” qui nous ramène à Sainte-Pétronille, à 9h50.

Depuis les deux excursions en autocars des “Autobus Lac Frontière Ltée” vécues à l’école maternelle, en 1953 et 1954, c’est mon premier voyage “longue distance” en autocar, à partir de la Gare Centrale…et, ce ne sera pas le dernier!

Durant l’année scolaire 1954-1955, je me suis lié d’amitié avec un confrère demeurant sur le boulevard Laurier, à Sillery.
Il m’informe qu’il voyage dans les autobus de la “Cie de Transport de Lévis” qui sont de couleurs argent, crème et bleu.
Il n’y a pas de correspondance émise entre la CTL et la Quebec Power, ce qui l’oblige à payer deux billets lorsqu’il doit se rendre plus loin dans la ville de Québec.

En novembre 1955, la Quebec Power met en service ses premiers autobus neufs, depuis 1951; il s’agit des GMC, modèle TDH-4512 ( nos.1801-1820) qui ont la particularité d’avoir 35 pieds de long, et, d’être équipés de suspension à l’air. Les autres autobus mesurent 30 pieds de long, et, ont une suspension à lames.
Quel confort, et, puisqu’ils circulent aussi sur le parcours no. 8, j’ai le plaisir de les utiliser en revenant du collège.
L’intérieur arbore trois couleurs : rose, vert pâle et vert foncé. De plus, la porte arrière s’ouvre en poussant lorsqu’une lumière verte s’allume; fini, le portillon en haut des marches. Il en a fallu du temps pour que toute la clientèle s’habitue à ce gros changement !
Ces nouveaux autobus permettent de se débarrasser des petits autobus de marque Ford, de 28 pieds de long, achetés durant la guerre.

Le 1er décembre 1955, ma famille déménage dans la lointaine banlieue de Sainte-Foy, en arrière de l’Hôpital des Vétérans ( maintenant le CHUL ). Comme la population de Sainte-Foy n’est que d’environ 10,500 âmes, le service d’autobus est beaucoup moins fréquent qu’à Québec.
Quelques jours avant le déménagement, mon père s’est procuré des horaires à la Gare Centrale; nous avions le choix entre deux compagnies.
Autobus Fournier Ltée pour le service Cap-Rouge St-Augustin, et, la Cie de Transport de Lévis pour tous les parcours de la Rive-Sud passant par Sainte-Foy sud.
Evidemment, la CTL offre une fréquence beaucoup plus élevée en combinant tous les voyages de la Rive-Sud.
Quant à la fréquence de Cap-Rouge St-Augustin, elle est concentrée aux heures d’affluence, du lundi au vendredi.

Je choisis donc la CTL pour cette raison; en plus, elle me donne la possibilité de voyager avec mon confrère de Sillery.
Le premier soir, je me rends à la Gare d’Aiguillon pour acheter des billets d’écoliers; il s’agit d’un livret de 10 billets, au coût de 1.00$, valides pour 10 jours, du lundi au vendredi jusqu’à 19h00.

Nous demeurons dans la zone tarifaire no. 4 : elle commence à la  Route du Vallon ( maintenant l’autoroute Robert-Bourassa), traverse le boul. Laurier, descend à 100 pieds à l’ouest de l’Avenue Charles-Huot jusqu’au Chemin St-Louis puis suit celui-ci pour tourner à gauche et descendre l’Avenue Du Verger jusqu’à la falaise.
( Note = avant la fusion de 2002, le terre-plein central de l’avenue Du Verger séparait les 2 villes; il y avait de la circulation dans les 2 directions de chaque côté du terre-plein central.)
Bref, elle suit les limites municipales entre Sillery et Sainte-Foy.
La zone no. 4 se termine à la limite municipale de St-Félix-du-Cap-Rouge ( maintenant Cap-Rouge).

En sortant du collège, les étudiants se rendent à pied sur la l’Avenue D’Auteuil et s’assoient sur le mur de pierres longeant le stationnement du parc De l’Esplanade. ( maintenant le stationnement des calèches) en attendant l’arrivée du convoi d’autobus de la rive sud.
Souvent, surtout l’hiver, les autobus ont la mauvaise habitude d’avoir des problèmes de transmission; en montant la côte de la Grande-Allée, le long du parlement, la transmission tombe au neutre et l’autobus reste immobilisé dans le milieu de la rue.
Quelque fois, après plusieurs essais, le chauffeur réussit à repartir mais, souvent, nous devons attendre et prendre l’autobus suivant.
Comme ce sont toujours les mêmes autobus aux mêmes heures, nous avons donc souvent des problèmes.
Régulièrement, je prends l’autobus de St-Romuald; il s’agit d’un autocar Prévost ( 1943-1945 ) avec moteur à l’avant et sièges rembourrés.
Ces derniers étant très bas, nous avons la fenêtre à la hauteur du menton !…
Concernant la porte qui mesure moins de 6 pieds de haut, il faut se pencher la tête en entrant et en sortant pour garder sa casquette !

Au début de l’année scolaire, je fais la connaissance de deux amis demeurant sur le Chemin de la Canardière au début du Boul. Ste-Anne.
Commence alors une série de voyages les fins-de-semaine.
En arrivant à la Gare Centrale d’Autobus, située sur le boul. Charest Est, coin Caron, je marche jusqu’à la Place Jacques-Cartier pour aller prendre l’autobus no. 6. Comme il s’agit exclusivement de Canadian-Car C-36, le voyage est confortable, sauf en hiver lorsque les fenêtres sont blanchies par le frimas. Heureusement, il reste le pare-brise pour voir à l’extérieur…

Au moins de mars 1956, en attendant l’autobus no. 6 , à la Place Jacques-Cartier, mon compagnon de Sillery et moi apercevons l’autobus du Quebec Railway no. 1821 sur le parcours no. 3 .
Dans les semaines suivantes, nous apprenons que le 1821 est un démonstrateur; il a un aménagement intérieur différent et , surtout, il a des fenêtres dans le bas de la porte d’en arrière.
Il n’y aura pas d’autres autobus neufs durant l’année 1956.

À l’été 1956, mon copain de Sillery et moi, assis sur le balcon chez-lui ( boul. Laurier, entre Maguire et Des Gouverneurs) à la fin de l’après-midi, regardons passer la parade des autobus se dirigeant vers la rive sud en provenance des Gare Centrale et St-Roch.
Différents noms de compagnies, de modèles et de couleurs mais, ce sont toujours les même à chaque jour, à la même heure…

Lorsque le beau temps le permet, nous allons rejoindre les deux copains demeurant sur La Canardière, et, nous faisons la même chose assis sur leur balcon, puisqu’eux aussi ont développé un intérêt pour les autobus.
D’autres noms de compagnies, de modèles et de couleurs ;ces autobus se dirigent vers Boischatel, l’ile d’Orléans, la Côte-de-Beaupré, Charlevoix et la Côte Nord, à tous les jours et à la même heure.

Le convoie passe par le boul. Charest, le boul. Langelier, l’étroite rue Franklin,
l’avenue Belvédère et le chemin St-Louis jusqu’au boul. Laurier.Combien d’autobus
ont frotté leur pare-choc avant sur la maison située au coin de Langelier et Franklin???
Le seul arrêt a lieu sur Belvédère, en arrière de la pharmacie L.P. Demers située au coin du boul. St-Cyrille.
Vers 17h00, la longue file d’autobus bloque l’avenue Belvédère en plus du boul. St-Cyrille pendant une dizaine de minutes.
Les chauffeurs doivent prendre le temps de poinçonner chaque billet vendu, collecter l’argent, remttre la monnaie, et, seulement deux autobus à la fois prennent
place à l’arrêt, faute d’espace.
Quel beau spectacle!

Lorsque le beau temps le permet, nous allons rejoindre les deux copains
demeurant sur La Canardière, et, nous faisons la même chose assis sur
leur balcon, puisqu’eux aussi ont développé un intérêt pour les autobus.
D’autres noms de compagnies, de modèles et de couleurs ;ces autobus se
dirigent vers    Ste-Thérèse, Ste-Brigitte-de-Laval,
Boischatel, l’ile d’Orléans, la Côte-de-Beaupré,
Charlevoix et la Côte Nord,
à tous les jours et à la même heure.

Durant nos promenades en vélo, nous passons par la Gare Centrale pour prendre des horaires et s’informer sur les parcours d’autobus.
En passant sur la rue St-Roch pour se rendre à la Gare du Palais voir le départ d’un autobus du “Quebec Central”, nous découvrons la Gare St-Roch située au coin de la rue Du Roi. Nous y reconnaissons les autobus des deux parades !
En revenant de Limoilou, nous passons par la rue Dorchester et arrêtons pour observer les autobus de la Gare de Charlesbourg située au coin de la rue Du Roi. Ces autobus jaune et orange circulent seulement en direction nord par la 1ère Avenue; ils ne sont donc pas visibles sur le boulevard Laurier et le chemin De La Canardière.
Sur la rue De la Couronne, les autobus de Boischatel utilisent le Centre Champlain, au coin de la rue Du Prince-Edouard, comme terminus.
Leurs autobus blanc et bleu, avec une ceinture jaune, sont uniques à Québec; ce sont des Wells-Marmon-Herrington fabriqués en Ontario.
Le nom de la compagnie (Transport Boischatel Ltée) n’apparaît pas sur les autobus; nous les surnommons les “Autobus de Courville” car, c’est leur parcours le plus fréquent.

A la fin d’août 1956, j’attends l’autobus de Lévis sur le boul. Laurier, à l’abribus de l’Hôpital des Vétérans, pour me rendre au centre ville lorsque je vois arriver un bel autobus jaune et vert tout neuf. Il s’agit d’un modèle GMC – TDH-3714, no. 5686 appartenant aux Autobus Fournier Ltée.
C’est un modèle semblable aux nouveaux autobus de la “Quebec Railway” ( 1801 à 1821 ); par contre, il mesure 30 pieds au lieu de 35 pieds, et, il n’a qu’une porte.
Au centre ville, je me rends au Relais d’Aiguillon pour prendre un horaire et m’informer des tarifs; ceux-ci sont identiques à ceux de Lévis.
Au début de l’année scolaire, la semaine suivante, je décide d’acheter les billets de Fournier et de laisser tomber Lévis.
Ce changement m’oblige à marcher du Collège jusqu’au Relais d’Aiguillon mais, me donne la possibilité de voyager en “limousine”. En quittant la Gare Centrale, l’autobus 5686 passe par le Relais d’Aiguillon, à 16h15, le chemin Ste-Foy et l’avenue Des Erables pour aller prendre le chemin St-Louis et arriver au coin de l’avenue Des Seigneurs à 16h30. ( entre l’avenue Charles-Huot et la route De l’Eglise ).

Finis les pannes, les sièges rembourrés sales et les transmissions manuelles qui se désembrayent selon la température !!!
En revenant, l’autobus 5686 descend par l’avenue d’Auteuil avec un arrêt au coin de la rue Ste-Anne comme les autobus de Lévis.
Le matin, les cours finissent à 11h40; pour aller dîner à la maison, je marche sur la Grande-Allée jusqu’à l’avenue Des Erables; l’autobus Fournier ( encore le 5686 ) arrive à 12h10, et, me laisse sur le boul. Laurier à 12h20. J’aime mieux marcher que d’attendre 20 minutes dans le hideux Relais d’Aiguillon, tellement repoussant que je ne boirais même pas un verre d’eau!!!
En achetant nos billets au “Relais”, il faut surveiller le vendeur car, il a la mauvaise habitude d’allouer 10 jours de calendrier au lieu de 10 jours d’écoles pour l’expiration des billets…
Ceux-ci étant invalides après 19h00 la semaine, les samedis, dimanches et jours fériés, il faut payer en argent 15 sous le passage ou 25 sous pour un billet aller-retour.
Le vendredi soir, je prends l’autocar no 5375, un Aerocoach, modèle P-371, qui arrive de Cap-Rouge, par le chemin St-Louis, à 19h00, et, me laisse à la Gare Centrale, à 19h20.
Cet autocar a des petites fenêtres, des gros sièges rembourrés, des supports à bagages et une transmission manuelle…j’ai toujours l’impression de partir pour un long voyage.
Le retour se fait à 22h00 à bord du 5268, un GMC, modèle TDH-3612, 30 pieds de long, support à bagages et une transmission automatique.
Je pourrais attendre à 22h15 et revenir avec le 5686 mais, je profite de l’occasion pour changer de modèle.
A remarquer que ces deux voyages ont lieu seulement le vendredi soir puisque les magasins n’ouvrent pas les autres soirs.
Le samedi soir, je retourne veiller “en ville”; je prends le 5686 à 19h10 sur le boul. Laurier, et, revient encore avec le 5686, à 12h15 à la Gare Centrale. La vitesse étant de 100 km à l’heure sur le boul. Laurier à partir de l’avenue Des Gouverneurs, l’autobus valse jusqu’à l’arrêt en face de l’hôpital; je suis le premier à descendre, à 12h30.
En quittant la Gare Centrale, le chauffeur éteint toutes les lumières à l’intérieur; après quelques minutes, nous entendons ronfler les passagers…
Je remarque, que selon les heures de départs, il y a un autre autobus en service : il porte le no. 5687 et est identique au 5686.
Ces étranges numéros me fascinent.
A la “Quebec railway”, les séries de numéros varient selon le modèle d’autobus alors que, chez Fournier, il ne semble pas y avoir de lien…
Un jour, en faisant la liste des numéros déjà vus, la lumière s’est allumée : les deux premiers chiffres indiquent l’année, et, les deux autres les numéros séquentiels!!!
Je viens de découvrir le système de plus en plus utilisé par les compagnies extérieures.

Au printemps 1957, j’écris une lettre à la compagnie Autobus Fournier Ltée pour obtenir de l’information.
A ma grande surprise, le Gérant de Trafic, fils du propriétaire, arrive à la maison, un soir, avec une grande enveloppe contenant des photos de chaque modèle d’autobus opérés par sa compagnie ainsi qu’une foule d’informations générales.
C’est le début de ma collection de photos d’autobus!…
Il m’invite à me rendre au garage situé au coin de l’avenue St-Sacrement et de la rue St-Vallier aussi souvent que je le désire, ce que je m’empresse de faire à vélo avec mon copain demeurant sur le boul. Laurier, à Sillery.
Lors d’une visite routinière du samedi après-midi, le fils du propriétaire nous montre deux autocars GMC, modèle PD-4104, (nos. 201 et 202), venant tout juste d’arrivés de l’usine, et, qui seront en service sur le parcours de Québec au Lac St-Jean.
A notre grand étonnement, il nous invite à bord de l’un deux, prend le volant et nous emmène faire une randonnée d’essai dans les rues du quartier St-Sacrement. Nous sommes confortablement assis dans un autocar de grand luxe avec tapis, air climatisé, fenêtres teintées, sièges inclinables et suspension à l’air !…
Ce nouveau modèle crée une révolution dans le confort des voyages par autocar…quel progrès !

Dans les semaines suivantes, nous voyons d’autres autobus neufs; il s’agit de trois GMC, modèle TDH-4512 ( nos 110 à 112) dont deux font le service dans Ste-Foy nord et le troisième sur la route de Québec au Camp Valcartier. Ce dernier (112) a des supports à bagages à l’intérieur.
Puis, un soir que j’attends le 5686 au Relais d’Aiguillon…surprise !…un autobus semblable arrive en montrant le no. 108…???…
Curieux et suspicieux, je demande au chauffeur l’origine de l’autobus…il me répond, en riant, que c’est le nouveau numéro du 5686 !
Donc, le 5687 devient le 109, et, logiquement, les trois nouveaux portent les nos. 110 à 112…mystère vite résolu!

La fin de semaine suivante, nous voyons passer les nouveaux autobus de la “Quebec Power”; d’autres GMC, modèle TDH-4512, numérotés 1822 et 1823.

A l’automne 1957, je quitte le collège du Vieux-Québec pour continuer mon cours à l’Ecole Secondaire Ste-Foy, située sur la route de l’Eglise.
Autobus Fournier opère 5 parcours d’écoliers, quatre fois par jour, avec les autobus suivants = 5053, 5054, 5055 et 5056, des Prévost, modèle Citadin et le 5375, un GATC-Aerocoach P-371 – 1948, acheté usagé en 1953. Comme substitut, le no. 38, un petit Ford – 1942 fait “son possible” pour donner le service.
Lorsque qu’il pleut, je prend le parcours no. 3 opéré par le 5055, et, quelquefois par le no. 38…quel contraste!…
Tous ces autobus n’ont qu’une porte, et, nous payons 0.15$ par passage, soit le même tarif que le service public.

En mars 1958, la “Quebec Power, qui s’appelle la “Québec-Autobus Ltée”, depuis le 1er janvier 1957, met en service d’autres autobus neufs, modèles GMC – TDH-4512 numérotés à partir de 1824. Un samedi après-midi, mon copain prend une photo du 1824, à la Place d’Youville puis, en arrivant à la Place Jacques-Cartier, surprise…nous apercevons le 1831 qu’il s’empresse de photographier. En parlant à un inspecteur, nous apprenons qu’il y a 8 autobus neufs,numérotés 1824 à 1831…

Au printemps 1958, assis sur le balcon. chez mon copain, nous regardons défiler la parade des autocars (sur le boul. Laurier, à Sillery) s’en allant sur la rive-sud lorsque, soudain, nous voyons arriver de Montréal, un autocar de la Cie de Transport Provincial avec une toilette à bord!
Il s’agit d’un GMC, modèle PD-4104, flambant neuf et portant un numéro de la nouvelle série A-001 à A-014.
Il n’en faut pas plus pour que nous décidions d’aller à Montréal en autocar!…
Quelques semaines plus tard, mon copain m’informe que son père doit se rendre bientôt à Montréal, et, qu’il nous offre de nous y emmener; nous pourrons revenir par autocar, le même soir.
Le 11 juillet 1958, nous partons avec nos deux copains de La Canardière en automobile pour aller passer la journée à Montréal.
Nous descendons au Terminus Central, situé sur le boul. Dorchester, coin Drummond, pour acheter nos billets de retour.
En sortant du terminus, les surprises commencent rapidement; des dizaines d’autobus gris et bruns, avec les roues et la ceinture rouges  (Canadian Car, Mack et GMC) circulent sur le boul. Dorchester dans les deux directions. Ils ont jusqu’à 5 pieds (40 pieds) plus longs que ceux que nous avons à Québec!!!…
Puis, heureuse surprise, nous voyons arriver au terminus le célèbre autocar américain à deux niveaux “Scenicruiser” dont nous avons tant entendu parler et vu à la télévision et dans les magazines.
Se préparant à partir pour New York, le chauffeur remarque notre enthousiasme et décide de nous offrir une balade autour du terminus pendant que nous prenons des photos.
Dans le terminus, il y a des autobus et des autocars de la Cie de Transport Provincial, de la Colonial Coach Lines, de l’Abitibi Coach Lines, des Autobus Drummondville, de Laramée Coach Lines, de Carier & Frère, Greyhound, etc.
Beaucoup de modèles, de couleurs, et, une numérotation très différente d’une compagnie à l’autre…et nous qui croyions avoir de la diversité à Québec! Nous sommes arrivés dans une vraie GRANDE ville !!!…
Remis de nos émotions, nous nous offrons une visite touristique à bord d’un autobus avec des vitres sur le toit. Il s’agit d’un autobus de la Cie de Transport Provincial, no. 5026, un Canadian Car, modèle IUC-35ATC, 1950, opéré par la Gray Line, sous le nom de “Tally-Ho Tour”.
Le chauffeur, Jean-Marie Fortin, donne toutes les informations en anglais mais, accepte de répondre en français à nos questions.
En passant devant le Parc Lafontaine, nous remarquons des autobus gris et crème avec les roues et la ceinture rouges mûs à l’électricité par deux grandes perches sur le toit suivant les fils comme les tramways!…Il s’agit de “trolley-bus” , et, ils sont uniques au Québec.
Plus tard, en prenant une pause-café sur la rue Bleury, nous sentons un léger tremblement de terre : en regardant dehors, nous voyons un tramway affichant la destination “80-Bleury” faire un arrêt au coin de la rue Craig ( maintenant St-Antoine ). Ensuite, il tourne à gauche pour se rendre au “Terminus Craig”, un coin de rue plus loin. Nous le suivons à pied lorsque, soudain, les roues arrières déraillent en entrant dans le terminus…
Quel spectacle exceptionnel !!!… il ne faut que quelques minutes au tracteur, sorti du garage situé en arrière du terminus, pour le pousser et le remettre sur les rails.
Nous en profitons pour visiter l’intérieur de ce terminus extraordinaire qui abrite à la fois les tramways et les autobus en permettant les correspondances entre les parcours de l’est et de l’ouest de la ville tout en demeurant à l’abri.
Les photos suivantes illustrent le Terminus Craig au centre-ville de Montréal, il s’agit de la bâtisse grise, et, celle plus haute, en arrière, est le Siège Social de la CTM.

Les parcours de l’ouest entrent par la rue Craig et ressortent par l’arrière pendant que ceux de l’est entrent par l’arrière et ressortent par la rue Craig. Une plateforme, située dans le centre, contient un kiosque à journaux et un petit casse-croute.
Ce n’est qu’un terminus urbain, et pourtant, il est beaucoup plus important que la “Gare Centrale d’autobus”de Québec qui n’a qu’une petite salle d’attente et pas d’abri pour l’embarquement et la descente des autobus!…
En continuant à marcher au centre-ville, nous arrivons sur la rue Ste-Catherine , devant le “Forum” , résidence des “Canadiens de Montréal”.
En face, nous découvrons le grand “Terminus Atwater” occupant un quadrilatère complet; les dizaines d’autobus qui vont et viennent sans arrêt affichent des numéros de parcours variant de 8 à150 alors qu’à Québec, il n’y a que 13 parcours…
Il n’y a plus de tramways dans le terminus, et, les autobus sont numérotés dans les séries 300, 400, 600, 1000, 2000 et 3000.
Nous n’avons aucune idée du nombre total d’autobus mais, un chauffeur nous mentionne qu’il y aurait 12 garages et environ 1500 autobus.
C’est 10 fois plus qu’à Québec!
L’heure d’affluence commence et les rues sont prises d’assaut par des centaines d’autobus gris et brun; en revenant au “Terminus Central”, de la PTC, c’est un long convoi d’autobus que nous voyons quitter le terminus et se diriger vers l’ouest et l’est par le boul. Dorchester ( maintenant René-Lévesque) . Encore une fois, nous découvrons des modèles dont nous ignorions l’existence avant de venir à Montréal.
Puis, finalement, à 20h10, nous quittons Montréal pour le retour dans la petite ville de Québec à bord d’un autocar de grand luxe, presque neuf.
Il s’agit du numéro A-006, un GMC – PD-4104 livré en mai 1958.
Le voyage de 3h45 nous coûte 4.75$ chacun.
En quittant le “Terminus Central”, l’autocar passe par un autre terminus situé dans l’est de ville avant de prendre le Pont Jacques-Cartier;
il s’agit du “Terminus de l’Est” de la PTC dont nous ignorions l’existence; ce terminus regroupe une centaine d’autobus, modèles de banlieue de la PTC ainsi que plusieurs autocars opérés par des compagnies privées.
Nous pensions avoir tout vu, à Montréal !!!…
En cours de route, j’essaie évidemment d’utiliser la toilette mais, je réalise rapidement qu’il y a un apprentissage à faire =
comment maintenir l’équilibre debout lorsque l’autocar prend les courbes sur la vieille route no. 9 (maintenant l’autoroute no. 20) ???
Nous arrivons à la “Gare Centrale d’Autobus”, vers minuit encore émerveillés par tout ce que nous avons vu de nouveau à Montréal.Durant l’été, nous profitons des beaux dimanches après-midi pour aller à St-Augustin, au bout de la rue St-Félix, en bicyclette.
L’autobus “Fournier” du parcours “Cap-Rouge, St-Augustin” demeure en attente plus d’une heure à son terminus; étant très amis avec les deux chauffeurs ( Jules Morasse et Léonce Jean) dont M. Morasse termine son quart de travail et M. Jean débute le sien, nous avons la permission de faire avancer et reculer l’autobus dans le champ voisin.
La première fois, au moment ou M. Jean, debout, me dit de freiner, je presse la pédale trop fort, et, M. Jean fait le tour du poteau de métal à lequel il se tenait…c’est le début de mon expérience.

Le 14 août 1958, je me rends à Montréal par l’autocar no. A-002 – un GMC – PD-4104 – 1958 pour passer quelques jours à visiter plus en détail la ville et m’informer sur les innombrables compagnies d’autobus. Demeurant chez une tante, les frais sont réduits au minimum.

e quitte Québec, à la Gare Centrale d’Autobus, sur le boul. Charest Est, coin Caron, à bord de l’autocar de la “Provincial”, no. A-002 – GMC – PD-4104- 1958 à 8h00.
En partant de la Gare, nous passons par le boul. Charest Est, le boul. Langelier, la rue Franklin et la Côte Franklin, l’avenue Belvédère avec un arrêt au coin sud du boul. St-Cyrille (maintenant René-Lévesque Ouest) pour continuer sur le chemin St-Louis et le boul. Laurier jusqu’au Pont de Québec. Sur la rive-sud, nous roulons sur la route no. 9 (maintenant l’autoroute no 20). Puis, nous quittons la route 9 pour passer par St-Cyrille et St-Charles-de-Drummond jusqu’au centre-ville de Drummondville pour laisser des passagers au terminus.
Nous roulons sur le boul. St-Joseph pour revenir sur la route no 9 et faire un arrêt de repos de quinze minutes au “Restaurant Central” situé à l’intersection de la route de St-Germain-de-Grantham. Une demi-heure plus tard, nous arrêtons au terminus de St-Hyacinthe pour laisser et prendre des passagers. C’est le dernier arrêt avant Montréal, et, nous arrivons à 11h45 au “Terminus Central” après avoir laissé des passagers au “Terminus de l’Est”.

NOTE = la route no 9 était coupée dans le comté de Drummond car, il n’y avait pas encore de pont sur la rivière St-François; il fallait passer par Drummondville.

En sortant du terminus, je traverse le boulevard Dorchester et je monte à bord de l’autobus  “Dorchester – 150”,  un Mack – 1957 pour me rendre chez ma tante dans la paroisse Notre-Dame-de-Grâce. En cours de route, je dois transférer au “Terminus Atwater” pour prendre le “Somerled – 102”, un Canadian Car – 1956 d’une longueur de 40 pieds. Quel contraste avec Québec !!!
Dans l’après-midi, je commence à faire le tour de la ville; je me rends au terminus du no. 8 à la terrasse de Verdun avec un autre Canadian Car de 40 pieds. Au retour, je passe quelque temps au terminus Atwater puis, me rends au “Carré Dominion” ( maintenant Square Dorchester) et au terminus Central.

Le lendemain, je me rends à pied sur le chemin Queen-Mary pour aller visiter l’Oratoire St-Joseph; des tramways, modèles PCC y circulent dans les deux directions avec la destination 29 – Outremont.
Je me balade un peu partout en ville, principalement à bord d’autobus Canadian Car de 40 pieds.

Le jour suivant, je me rends encore plus loin, dans l’Est de la ville. En arrivant au bout du “150 – Dorchester”, je découvre le “Terminus Frontenac” situé en face d’un garage de la Commission de transport de Montréal. Il y a plusieurs autobus mais, je ne vois pas de trolley-bus.

Le lendemain, je prends le ” Sherbrooke – 4″, sur la rue Clearmont, au coin de Sherbrooke, pour me rendre au “Jardin Botanique”, plusieurs kilomètres plus loin dans l’Est. Au coin de Sherbrooke et Pie-IX, le Mack – 3864 attend son heure de départ au terminus du “73”, et, j’en prends une photo.
Sur mon retour,en traversant la rue Papineau, je croise les tramways du ” 45 – Papineau”.

Le dernier jour, je vois le garage de la rue St-Denis et les nombreux trolley-bus stationnés à l’extérieur sous une toile d’araignée de fils.
Puis, je reviens à Québec à bord du no. A-010 – GMC – PD-4104 – 1958 avec le départ à 17h10, du Terminus Central et arrivée à 20h55 sur le boul. Laurier, à Ste-Foy.; je descends à l’avenue Jean-Dequen pour me rendre à pied à la maison.
Quelle vacance exceptionnelle!

Samedi, le 9 janvier 1959, mes amis et moi décidons d’aller passer une journée à Montréal pour aller visiter les magasins de la rue Ste-Catherine.

Nous quittons la Gare Centrale à 8h10, à bord du “A-014” de la Provincial, un GMC, modèle PD-4104 – 1958; après un arrêt à Drummondville, pour laisser descendre des passagers ( aucun passager ne peut embarquer car, le permis est opéré par les “Autobus Drummondville Ltée”) et un arrêt de repos à St-Germain-de-Grantham, nous arrivons au Terminus Central de Montréal à 12h30, en retard d’un trentaine de minutes ayant été retardés par le dérapage d’un camion-remorque à Ste-Madeleine, dont j’ai une mauvaise photo prise à travers le pare-brise.
Il fait extrêmement froid, et, la Gare Centrale étant en construction, nous avons attendu le départ dans un abri temporaire très mal isolé.
Sur la route, la poudrerie rend la visibilité nulle par endroits, et, nous ne comptons plus les véhicules dans le fossé.
Etant assis dans la première rangée, nous regardons le spectacle alors inconnu pour nous, jusqu’à présent, n’ayant jamais voyagé l’hiver!
Après s’être réchauffés plusieurs fois dans les magasins, nous revenons au Terminus Central attendre le départ pour Québec.
Surprise, c’est encore le “A-014” qui arrive sur le quai! Nous quittons à 18h10 et arrivons à Québec à 21h55.
Cet autocar est tellement bien chauffé que nous pouvons même enlever nos paletots; quel contraste avec les “Canadian Car”, de “Québec-Autobus”, et les Prévost, modèle “Citadin”, de “Fournier” qui roulent avec les fenêtres blanchies par le frimas !!!

En mars 1959, mes amis et moi sommes invités par la “Cie d’autobus de Charlesbourg Ltée” à aller visiter leur garage; le samedi matin, les parents de mes amis nous reconduisent au garage de la 1ère Avenue, dans le Centre-Ville de Charlesbourg.
M. Claude Beaudet, fils du propriétaire, nous fait faire le tour du garage en nous donnant les informations appropriées. Nous avons même droit à ses opinions personnelles concernant la différence entre les autobus “Prévost” et les “GMC” !
Il nous informe, d’ailleurs, que la flotte des “Prévost” va être remplacée le plus rapidement possible par des “GMC” au grand soulagement des dirigeants de la Compagnie.
A la fin de la visite, celui-ci nous fait monter gratuitement à bord du “83” ( mis en service une semaine plus tôt) qui se dirige vers le terminus de Québec situé sur la rue Du Roi au coin de l’avenue Dorchester. Ce GMC, modèle TDH-5106 – 1959 – a un frère jumeau, le 82. Ces deux autobus sont uniques au Canada car, bien qu’ils aient 40 pieds de long, ils n’ont que 8 pieds de large.
De plus, ce sont les premiers autobus “GMC” avec la nouvelle transmission automatique beaucoup plus douce que l’ancienne.
Pour Québec, à part les “Prévost”, de “Fournier”, ce sont les premiers autobus de cette longueur mis en service.

Le 16 juillet 1959, mon copain de Sillery et moi décidons d’aller
visiter Trois-Rivières.
Nous quittons la Gare Centrale à 8h00 à bord du A-814 -GMC – PD-4104 –  1957; ce dernier n’a pas de toilette mais a l’air climatisé.

Note = pour la “Provincial”, le “A” regroupe tous les autocars de grand
luxe, et, il est suivi par un chiffre indiquant le nombre de sièges, tel
que “7” pour 37 sièges, “8” pour 37 sièges plus l’air climatisé, et, “0”
pour 39 sièges plus toilette. Ce système a été suggéré par “GMC”, en 1956.
Quant à “GMC”,” PD” signifie Parlor Diesel ( autocar) et “41”, le nombre
de sièges inclinables maximum.

Nous arrivons à Trois-Rivières à 10h00 et descendons au terminus sur la rue Des Forges situé entre la rue Notre-Dame et la terrasse Turcotte.
Nous sommes surpris de voir les autobus urbains crème et rouge ressemblant beaucoup à ceux de Québec.
Cependant, là s’arrête la différence; ce sont quelques “GMC” – TDH-3714 – comme ceux de “Fournier” et “Charlesbourg”, et, ayant seulement 30 pieds de long au lieu de 35 pieds comme les “TDH-4512” de “Québec-Autobus”.
La plus grande partie de la flotte se compose d’un modèle que nous n’avons pas à Québec sauf, un exemplaire en service entre Québec et Ste-Anne-de-Beaupré : il s’agit d’un “Fitzjohn – Cityliner” de 30 pieds que nous voyons sur tous les parcours.
Curieux, nous décidons de prendre le parcours “Des Forges” pour en faire un essai et visiter la ville. En arrivant au terminus, dans le
quartier ST-Michel, nous jasons avec le chauffeur qui nous donne des informations sur son employeur soit, “La Cie de Transport St-Maurice”.

Il nous apprend aussi que le mot “Cap” que nous voyons dans les destinations “Cap Notre-Dame” et “Cap St-Odilon” est une abréviation de “Cap-de-la-Madeleine”.
Nous nous sentons ridicules d’avoir posé la question…on aurait dû y penser!!!

Après souper, c’est l’heure du retour à Québec; nous nous rendons au terminus de la rue Des Forges pour attendre l’autocar de 18h30.
Mauvaise surprise !
Au lieu d’un autocar régulier, arrive un vieil autocar de marque “Canadian Car, modèle IC-41 – 1950 qui ressemble à un autobus
scolaire :
moteur en avant, pas d’air climatisé, pas de toilette, pas de
suspension à l’air ni de fenêtres teintées !!!

Choqué, je demande au chauffeur ou se trouve l’autocar régulier; il me répond qu’il s’en vient mais, qu’il est plein.
Je lui mentionne que nous sommes insultés de descendre à Québec à bord de cette bagnole…il répond, du tact au tac, que c’est à prendre ou à laisser!!!
Juste au moment ou nous nous résignons à monter à bord, l’autocar régulier arrive et laisse descendre plusieurs passagers, ce qui libère
assez de sièges pour permettre le regroupement de tous les passagers dans l’autocar et envoyer au garage le tacot.
Nous revenons donc à Québec à bord du “A-011”, vers 21h00…nous l’avons échappé belle!!!

Vers la fin du mois d’août 1959, j’apprends que les tramways de Montréal vont être retirés complètement de la circulation pour toujours en date du dimanche, le 30 août 1959.
Le 26 août, la famille de mon ami de Sillery part en vacances en passant par Montréal; elle accepte de me laisser au centre-ville.

Je me promène toute la journée, et, ayant ma caméra, je prends des photos :
le 2301 – GMC – TDH-5105 – 1955 devant l’Oratoire St-Joseph et l’intérieur du 2317, même modèle.;
le 3092 – Can-Car – CD-52 – 1956 devant le “Forum” ( maison-mère du club “Canadiens de Montréal”);
le 3109 – Can-Car – CD-52 – 1956 et le 4462 – Can-Car – CD-52 – 1958 au “Terminus Atwater”, devant le “Forum”;
le 4213 – Can-Car – CD-52 – 1958 au “Terminus Frontenac”, à l’est du Pont Jacques-Cartier;
le 4281 – Can-Car – CD-52 – 1958 au “Terminus Craig”, ( maintenant la station de Métro “Place d’Armes” );
En plus, je réussi à prendre une photo de quelques tramways dans les portes du garage “Mont-Royal”, dernier endroit pour ces véhicules.
Toutes ces photos ont été prises sur une période de deux jours.

Pour aller coucher chez ma cousine, à quelques rues au nord du Parc Lafontaine, je devais prendre le parcours  “1- Amherst-Chrystophe-Colomb” opéré par des “trolleys-bus”; malheureusement, à cause de problèmes techniques, ces derniers ont été remplacés par des autobus, modèles Can-Car – CD-52, pour une période indéterminée.
Je suis donc privé d’une promenade en “trolleys-bus” ainsi que de la possibilité d’en prendre des photos.

Ma cousine m’apprend qu’il y aura une importante parade de tous les tramways dimanche après-midi sur l’avenue Papineau, dernière rue ou les tramways circulent encore; mais, puisqu’il reste encore quatre jours, je dois hélas, revenir à Québec.
Cependant, ma cousine va assister à la parade et prendre des diapositives qu’elle va m’envoyer par la poste.
Pauvre elle, elle s’est faite détremper lorsqu’un orage a passé durant la parade…

A la fin de juillet 1958, un copain écrit à “Prévost Car Inc” pour obtenir la permission d’aller visiter l’usine de Ste-Claire.
Suite à la réception de l’invitation, nous nous rendons à la Gare St-Roch pour prendre l’autobus no 36, un Prévost – LeNormand – 1957 de la compagnie ” Autobus Ste-Claire, Ste-Justine, St-Narcisse Ltée” dont le départ a lieu  à 14h30.
Nous passons par le boul. Charest est et découvrons rapidement que l’autobus est muni d’une suspension à lames; le très mauvais état de la chaussée nous brasse  violemment jusqu’au boul. Langelier.
Nous sommes en juillet, il fait chaud, et, il n’y a pas d’air climatisé ni de fenêtres teintées.
Nous avons été gâtés par l’autobus utilisé pour revenir de Montréal, la semaine précédente!
Nous arrivons à l’heure, soit 15h50, tel que prévue sur l’horaire.
Nous descendons de l’autobus au coin de la rue Prévost et marchons en cherchant l’usine…surprise, nous y sommes car, il y a une petite affiche indiquant “Prévost Car Inc” fixée près de la porte du bureau.
M. Jean-Paul Turgeon nous accueille et nous fait traverser le bureau pour nous emmener dans un grand atelier dans lequel nous apercevons environ 3 autobus en construction.
Quelle déception après avoir fait tout ce voyage !!!
Tout un contraste avec les photos que nous avions vues de l’usine de la “GMC”, en banlieue de Detroit !!!
Nous apprenons que la construction du modèle “LeNormand” a débuté au printemps 1957 et que 11 autobus ont été livrés jusqu’à juin1958 en plus de 9 autres modèles divers.
Nous sommes très loin des autres constructeurs d’autobus!
Le retour à Québec se fait par un ancien autobus Prévost qui arrive à Ste-Claire à 17h25; la visite n’ayant duré qu’environ 30 minutes, nous avons eu le temps d’aller prendre une marche en visitant le village.
En arrivant à Ste-Foy, le chauffeur accepte de me laisser descendre à l’Hôpital des Vétérans ( maintenant le CHUL) vers 18h30.
Si non, il aurait fallu que je me rende à la Gare St-Roch ( vers 18h45 ), marche une vingtaine de minutes jusqu’à la Gare Centrale et attende le départ de 19h30 de l’autobus “Fournier” de Cap-Rouge pour arriver à l’Hôpital des Vétérans à 19h45.
Un peu tard pour le souper!
Ma mère était bien contente…

Suite à cette déception, nous nous sommes bien promis d’aller visiter, un jour, la “GMC”; ce rêve sera réalisé en juin 1961.

Suite des souvenirs de Jean Breton: Jean Breton, souvenirs 1960-1965