Opinion du lecteur, 5 mars 1924.

Journal L’Action Catholique du 5 mars 1924
Opinion du lecteur:
Depuis mon premier communiqué, j’ai acquis la conviction que le sujet traité intéresse vivement le public. Aussi, je suis invité à user de votre obligeance de nouveau.
Voyageur depuis un quart de siècle, tant de fois j’ai bénéficié des avantages que nous offre cette voiture! Nous l’avons de Matane à Ste-Anne-des-Monts; là, cette voiture nous procure un siège confortable pour la somme de cinq piastres, alors qu’avant il nous fallait en débourser quinze. De Matane à Dalhousie, N.B.; de Rivière-du-Loup à Edmundston, N.B., ce service donne des résultats appréciés du public.
N’avons-nous pas sur l’Ile-d’Orléans un pareil service fort apprécié des touristes? Là, cette fois, le gouvernement ne saurait invoquer la concurence aux chemins de fer.
Quels grands services nous ont rendus ces voitures sur la Côte du Sud de Lévis à St-Nicolas, de St-Antoine à Ste-Croix, endroits qui n’ont partiquement aucun service de transport. Citons aussi le magnifique service que nous offrait l’autobus Fortier entre St-Vallier et Lévis, service doublement apprécié par les résidents de Beaumont, privés de tout moyen de locomotion rapide.
   J’ai devant moi un résumé des obligations qui devraient être imposées à ce genre d’entreprises en vertu de la nouvelle loi. Or, il ressort de mes calculs, comme je le disais dans mon premier communiqué, que là ou l’on payait une piastre nous en paierons deux. J’ai même soumis ce calcul à un propriétaire d’autobus qui l’a confirmé.
   Je ne suis pas prêt à souscrire au motif que l’on invoque pour faire la vie dure à cette voiture; à savoir: qu’elle détériore les chemins. L’autobus circule toujours à une allure modérée, jamais plus de quinze à vingt milles à l’heure, tandis que d’autres voitures aussi pesantes mais qui portent un autre nom, font du trente à quarante milles et plus. A preuve de ce que j’avance; voyons le nuage de poussière que celles-ci soulèvent après leur passage et pourtant elles sont sujettes à un traitement plus généreux.  (—-) les bons chemins sont faits pour améliorer les moyens de transport; le peuple qui les paie doit au moins en avoir le bénéfice.
   Je me refuse de croire, comme l’ont prétendu certaines rumeurs, que l’honorable Premier Ministre aurait désigné cette voiture comme devant disparaître vu la concurence qu’elle porte aux chemins de fer; (—-) je ne crois pas que l’on puisse trouver dans aucune sphère gouvernementale une mesure de ce genre puisque par essence, elle est contraire au progrès. N’est-il pas prouvé qu’un centre se développe d’autant mieux que ces moyens d’accès sont plus faciles?
   Espérons que nos législateurs auront la prévoyance de ménager à leurs constituants les facilités de tous genres dont ils jouissent et de ce fait empêcher les empiètements injustifiés sur leur saine liberté d’action.
Merci Monsieur le Directeur.
Vivere Parvo.